Glauque

Qu’est-ce que Glauque ? Une couleur ? Une ambiance ? Une époque ? Ou bien le tout résumé dans les exploits d’un groupe dont la genèse remonte à 2017 quand Louis Lemage, étudiant en rupture de cursus qui souhaitait transposer ses textes écorchés en chansons, réalise quelques maquettes avec Aadriejan Montens, élève au conservatoire de Namur en Belgique. Quelques mois plus tard, Baptiste et Lucas, eux-mêmes étudiants au Conservatoire les rejoignent et les quatre ne tardent pas à donner leurs premiers concerts, rendant nécessaire l’adoption d’un nom. Glauque donc.

 

En littérature, « glauque(s) » sont les yeux de la déesse Pallas Athéna, la robe de Cléopâtre, les flots marins. En botanique, les feuilles d’artichaud ou d’eucalyptus. Par un subtil détournement sémantique, « glauque » est devenu par la suite une lumière, celle, lugubre, diffusée dans les couloirs d’hôpitaux ou de prisons. De là l’usage actuel qu’on en fait pour évoquer une situation sordide, une ambiance suintant le malaise, un bad trip. Comme le nom du groupe qui joue de la polysémie, la musique de Glauque se distingue par son ambivalence à exprimer le mal et la rage de vivre. 

 

Terrain d’expérimentation à part entière, l’œuvre visuelle de Glauque définit tout autant son identité contrastée. Là où les mots sont écrasants, l’image est épurée. Que ce soit dans le textile, à l’écran ou sur les pochettes, l’image fait partie intégrante du projet et se veut à la fois minimaliste - mettant en scène des symboliques choisies et isolées - que dense, répétitive, voire frénétique - évoquant alors la beauté dans le deuil. 

 

A l’incandescence des mots répond un glacis sonore cristallisé autour de nappes synthétiques et de rythmes électroniques. Si les synthétiseurs prédominent, l’usage d’instruments acoustiques- piano, guitare, batterie- enrichissent la palette, renforcent une identité musicale qui s’extirpe du commun par sa radicalité comme par son élasticité, entre rap, electro, pop et musique industrielle. Au point de séduire un Stromae qui a choisi Glauque pour assurer la première partie de certains de ses concerts. « Electro rap ? Oui, on est clairement dans cette zone là même si s’abriter derrière une étiquette n’a jamais été notre intention. »